mercredi 12 décembre 2007

Le Pen se résigne à vendre le " Paquebot "

Article de Olivier Pognon publié le 11 décembre 2007

Cette fois, c’est décidé : le Front national va vendre le «paquebot» le siège qu’il occupe à Saint-Cloud, dans les Hauts-de-Seine, depuis 1994. «Le Pen est d’accord», explique un membre du bureau politique. «Il fallait qu’il digère la nouvelle situation, qu’il puisse accepter cette idée».

Le président du FN s’est donc résigné à cette décision, sans doute inévitable : le mouvement s’était endetté de 8 millions d’euros pour financer la campagne des législatives, et, contrairement à ses attentes, la plupart de ses candidats (un peu plus de 300) n’ont pu être remboursés de leurs frais de campagne, faute d’avoir obtenu 5 % des voix. Le mouvement fait face à cette dette très importante alors que le montant de sa subvention annuelle est lui-même diminué de 60 %, en raison de son important recul aux législatives : il va passer de 4,6 millions à 1,8 million d’euros.

C’est Fernand Le Rachinel, député européen du FN, qui a emprunté auprès des banques, moyennant une prise de garantie sur ses entreprises, les 8 millions d’euros de la campagne législative, pour ensuite les prêter au FN. Il doit rembourser les banques en plusieurs échéances, la première étant fixée au 31 décembre pour un montant de 1,5 million d’euros. Le solde doit être acquitté en mars. Il n’entend pas payer de sa poche et attend que le mouvement le rembourse à son tour. Il a même saisi les tribunaux pour que sa créance sur le FN – représentée par des billets à ordre –, ne puisse être contestée et que la vente du siège serve prioritairement à le défrayer. Le jugement doit être prononcé lundi prochain. Les précautions prises par Le Rachinel lui ont valu des critiques au sein du mouvement. Mais il a fait valoir à Le Pen, qui en est convenu, qu’il ne pouvait faire assumer la dépense par ses entreprises.

Le président du FN a longtemps cherché le moyen d’éviter la vente du siège du mouvement. Il a fait faire un audit du Front national : celui-ci n’a pu que confirmer la situation financière très périlleuse du parti dont il ne peut se dégager que par la réalisation de son bien immobilier. Les recettes annuelles sont très insuffisantes pour permettre l’apurement progressif du passif, ou même le paiement des intérêts.

Obtenir un crédit relais


Jean-Pierre Reveau, le trésorier du FN, a confirmé hier au Figaro que le mouvement honorerait ses dettes envers Fernand Le Rachinel. Il pourra payer 1,5 million d’euros le 31 décembre, car le FN doit être remboursé prochainement des dépenses de la campagne présidentielle, qui ont été validées par la commission de contrôle. Pour le solde, la signature d’une promesse de vente ou la mise en vente du «paquebot» permettra, explique-t-il, d’obtenir des banques un crédit relais permettant de rembourser Fernand Le Rachinel à l’échéance de mars.

La valeur du «paquebot», bâtiment de 5 200 mètres carrés, se situe, selon Jean-Pierre Reveau, entre 15 et 20 millions d’euros. Il restera donc au FN entre 5 et 10 millions d’euros pour acheter un immeuble plus petit. Les revers financiers ayant entraîné comme autre conséquence une diminution sensible du nombre des permanents rémunérés par le parti – qui devrait être ramené de 40 à une vingtaine –, les bureaux du FN pourront très bien tenir dans un cadre sensiblement réduit.

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