L'ancien Premier ministre et figure emblématique du PS Pierre Mauroy a été mis en examen vendredi pour "détournement de fonds publics" quand il était président de la communauté urbaine de Lille, à propos d'un emploi fictif présumé de Lyne Cohen-Solal, actuelle adjointe du maire de Paris.
Divulguée par son avocat Jacky Durand, cette mise en examen pour des faits qui remontent à 16 ans, a été décidée par un juge d'instruction de Lille à l'issue d'une audition de près de sept heures du sénateur du Nord âgé de 79 ans.
Le parquet n'a pas souhaité donner de précisions mais Pierre Mauroy n'est soumis à aucune mesure de contrôle judiciaire.
La procédure est issue d'une plainte en juin 2000 d'Eric Darques, ancien élu local de la ville de Lambersart, dans l'agglomération lilloise. Il avait fait valoir qu'en même temps que le poste d'attachée de presse pour la communauté urbaine, Mme Cohen-Solal occupait celui de rédactrice en chef de l'hebdomadaire du PS "Vendredi", à Paris.
Me Durand a précisé que son client était "complètement effondré, très affecté" par sa mise en examen.
L'ex-Premier ministre a affirmé de son côté que "le reproche (qui lui est fait) n'est pas fondé" et qu'il était "confiant dans la suite de la procédure" dont il espère qu'elle "s'achèvera rapidement en reconnaissant le bon droit de ceux qu'elle met en cause".
Le juge d'instruction lillois devrait entendre mardi l'ancien directeur de cabinet de Pierre Mauroy à la communauté urbaine, Bernard Masset, soupçonné de "complicité" et mercredi Mme Cohen-Solal, pour "recel".
Selon une source proche du dossier, les sommes concernées se monteraient à quelque 19.000 euros représentant le salaire versé à Mme Cohen-Solal pendant dix mois en 1992.
Dans son communiqué, Pierre Mauroy a souligné que sa collaboratrice avait alors "parfaitement rempli sa mission" de promotion de la métropole lilloise et que sa "faible rémunération (...) n'avait pas été usurpée".
Il a noté que cette affaire n'avait été déclenchée qu'en l'an 2000, "à un moment où Lyne Cohen-Solal était engagée dans un combat politique très médiatisé contre le maire de Paris d'alors, Jean Tiberi" et que cette coïncidence n'était "pas fortuite".
Mme Cohen-Solal, cinq fois adversaire électorale de l'ancien maire de Paris et maire UMP du Vème depuis 25 ans Jean Tiberi, avait alors porté plainte contre ce dernier pour une affaire de faux électeurs.
Ceci avait abouti à la mise en examen de M. Tiberi le 21 mars 2005 pour "manoeuvres frauduleuses de nature à fausser la nature du scrutin". Il a été renvoyé devant le tribunal correctionnel moins d'un mois avant les dernières élections municipales qu'il a gagnées de justesse contre Mme Cohen-Solal.
Juridiquement, la mise en examen de M. Mauroy est une conséquence de la décision il y a un an de la chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Amiens d'ouvrir une nouvelle information judiciaire pour cette affaire.
Elle a été rendue possible par un arrêt de la Cour de cassation du 8 février 2006, qui avait jugé les faits non prescrits - contrairement à des décisions précédentes - en retenant plutôt la date de leur constatation.
M. Mauroy n'a plus de mandats locaux, depuis qu'il a laissé en avril la présidence de la communauté urbaine de Lille après 19 ans d'exercice, à l'issue des dernières élections municipales. Il a aussi occupé le fauteuil de maire de Lille pendant 28 ans.
Martine Aubry, qui lui a succédé, l'a rencontrée vendredi soir. "Emue, elle lui a exprimé son affection", a précisé son porte-parole.
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