dimanche 17 décembre 2006

«On joue à se faire peur»

Le Pen sera-t-il présent au second tour de l’élection présidentielle ? Pour les médias, c’est un scénario envisageable. Se fondant sur certains sondages qui démontreraient une poussée du président du FN, la presse multiplie les articles (très bienveillants) sur le sujet. Pourtant certaines langues se délient. Ainsi, Christophe Barbier de L’Express explique sur LCI (15.12) que l’annonce d’une présence de Le Pen au second tour est un «mauvais présage». A ceux qui expliquent que Jean-Marie Le Pen n’a jamais été aussi haut dans les sondages, Christophe Barbier répond que «ce qui est très haut en ce moment, c’est l’envie de jouer à se faire peur, avec un Le Pen qui récidiverait un nouveau 21 avril.» «Certes, si l’on votait dimanche, Le Pen ferait un gros score, poursuit-il. Mais qu’est-ce que cela veut dire "faire un gros score" ? Il pourrait très bien retrouver ses 17% de 2002 et ne pas être au second tour. Avec 17% en 1995, il était quatrième derrière Jospin, Chirac et Balladur. Et 17%, c’était à peine la moitié de ce que Mitterrand a réalisé au premier tour de 1988.» Du reste, explique encore Christophe Barbier, «les pourcentages, cela dépend de l’abstention. On peut faire 4,8 millions de voix, comme a réalisé J.-M. Le Pen, le 21 avril 2002, et puis, être à 17, être à 14, ou être à 20, en fonction de l’abstention.» «Quant aux sondages qui donnent un Le Pen très haut, Christophe Barbier rappelle que si «aujourd’hui, si Le Pen est haut dans les sondages, c’est que les gens répondent plus facilement qu’ils voteront pour lui.»

Rappelons que Brice Teinturier, directeur du département Politique et Opinion de la Sofres expliquait dans Le Figaro (28.11) que «présenter la progression de Jean-Marie Le Pen comme inexorable [était] un contresens». Et mettait en garde «contre un risque de surestimation». Toujours dans Le Figaro (11.12), il estimait que «les Cassandre qui nous parlent d'un Le Pen à plus de 20 %, voire 25 %, étaient dans l'affirmation et la croyance, davantage que dans la démonstration.» Le directeur du département Politique et Opinion de la Sofres rappelait qu’on «nous avait aussi promis un FN à plus de 20 % aux élections régionales de 2004, et qu’il avait fait environ 15 %.»

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