jeudi 5 juillet 2007

Affaire Clearstream: perquisition chez Dominique de Villepin

http://fr.news.yahoo.com édition du 5 juillet 2007


PARIS (Reuters) - Deux juges et des policiers se sont rendus au domicile parisien de Dominique de Villepin pour une perquisition dans l'enquête sur les faux listings de la société financière Clearstream, apprend-on de source judiciaire.Les enquêteurs de la Division nationale des investigations financières (DNIF) et les juges Jean-Marie d'Huy et Henri Pons sont présents pour cette opération dans le XVIIe arrondissement, une première concernant un ancien Premier ministre.

On ignorait dans l'immédiat si Dominique de Villepin se trouvait sur place. il a toujours nié toute malversation et contesté avoir voulu s'en prendre à Nicolas Sarkozy.

Ce rebondissement fait suite à la découverte dans l'ordinateur du général Philippe Rondot de documents qui ravivent les soupçons de conspiration contre Nicolas Sarkozy visant Dominique de Villepin.

Trente-neuf fichiers informatiques du général Philippe Rondot, représentant 30.000 pages de notes, initialement détruits, ont été retrouvées dans la mémoire de son ordinateur par un expert judiciaire.

Dans deux fichiers relatifs à l'affaire Clearstream comportant quatre notes, retenues par les juges d'instruction Jean-Marie d'Huy et Henri Pons et publiées dans plusieurs médias, le militaire spécialiste du renseignement fait état de déclarations de protagonistes du dossier Clearstream.

Ils lui ont déclaré que Dominique de Villepin était à l'origine de la tentative de compromission devant la justice de Nicolas Sarkozy.

"Selon la source Mahdi, rencontrée le 28 mai 2004, Jean-Louis Gergorin aurait reçu instruction de Dominique de Villepin, elle-même formulée par le président de la République, de 'balancer' Nicolas Sarkozy", dit une première note.

Le général, interrogé mercredi par les juges d'Huy et Pons sur ces notes, a confirmé leur authenticité, a dit jeudi son avocat, Me Eric Morain. Le militaire a dit aux magistrats avoir eu "une réaction furieuse" lorsqu'on lui a fait état de la démarche imputée à Dominique de Villepin, selon le procès-verbal de son interrogatoire publié dans Le Monde.

L'Elysée n'a pas souhaité commenter ces nouveaux développements. Dominique de Villepin, entendu comme témoin le 21 décembre 2006, a nié toute malversation dans la matinée, parlant "d'allégations mensongères" et "d'accusations infondées".

"Pour sortir de cette situation inadmissible, il souhaite maintenant disposer du statut de témoin assisté pour pouvoir bénéficier, comme tout citoyen, du droit de se défendre et de faire valoir la vérité", disait un communiqué.

En visite à Dreux, le Premier ministre François Fillon a refusé de commenter l'affaire sur le fond, déclarant attendre les résultats de l'enquête "et des jugements (...) le cas échéant".
Villepin mis en examen ?

Dominique de Villepin est maintenant susceptible d'être mis en examen pour "complicité de dénonciation calomnieuse".

Philippe Rondot avait été chargé en janvier 2004 par Dominique de Villepin, alors ministre des Affaires étrangères, d'une enquête parallèle sur les listings Clearstream qu'avait fait apparaître Jean-Louis Gergorin, alors vice-président de la société EADS.

Ces documents censés recenser des comptes bancaires occultes au sein de cette société financière luxembourgeoise, qui se sont révélés plus tard être des faux, comportaient les noms de centaines de personnalités, dont celui de Nicolas Sarkozy.

Les notes Rondot laissent penser que c'est sur instruction de Dominique de Villepin que Jean-Louis Gergorin a remis au printemps 2004 les listings au juge Renaud Van Ruymbeke, afin de susciter des investigations menaçantes.

"Dans un entretien avec JLG (Jean-Louis Gergorin, NDLR), le 4 mai 2004, j'ai appris que, après avoir selon lui reçu des instructions de Dominique de Villepin huit jours auparavant, il avait été décidé de parler au juge VR", dit une seconde note du général Rondot.

Une troisième note laisse entrevoir l'état d'esprit de Dominique de Villepin : "lors d'un entretien que JLG a eu avec DDV le 19 mai, ce dernier se serait montré à la fois jubilatoire et soucieux de ne pas apparaître dans le scénario".

Enfin, un autre note du général Rondot publiée par Le Monde fait état d'une intervention de Dominique de Villepin auprès de lui en mars 2004 afin de faire libérer Imad Lahoud, alias "Mahdi", auteur supposé des faux listings, d'une garde à vue ordonnée dans une autre affaire.

L'enquête du juge Van Ruymbeke n'a innocenté Nicolas Sarkozy qu'en 2005. Nicolas Sarkozy a porté plainte début 2006 pour "dénonciation calomnieuse" et il est toujours partie civile.

Jean-Louis Gergorin, ami de Dominique de Villepin, est en examen pour "faux et dénonciation calomnieuse", de même qu'Imad Lahoud. Un interrogatoire de ce dernier programmé jeudi chez les juges a finalement été annulé et reporté au 19 juillet.

Jacques Chirac, convoqué comme témoin ces derniers jours par les juges d'Huy et Pons, a refusé de venir en invoquant la séparation des pouvoirs et la Constitution.

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